Bernard VÉDÈRE

CONTEXTE

Dans les Hautes-Pyrénées, 10 000 porcs Noir de Bigorre sont élevés sous Appellation d’Origine Protégée « Porc Noir de Bigorre ». L’organisme de gestion de la race a généralisé l’usage des boucles d’identification électronique pour faciliter la traçabilité de cette race locale en 2021. Cette mise en place n’est pas vécue comme une contrainte par Bernard Védère, installé à Poumarous (65). L’éleveur apprécie le passage au zéro papier et met en avant le gain de temps permis par cette identification.

IL NOUS RACONTE

Quelle différence majeure y a-t-il dans l’exploitation depuis que vous utilisez le logiciel et le lecteur de boucles d’identification ?

 « Aujourd’hui, je suis en zéro papier, même lors des contrôles d’élevage trois fois par an. L’utilisation des boucles électroniques et le logiciel de gestion de troupeau permet d’éviter toute une partie de double saisie manuelle des événements liés aux animaux. De la saillie à l’alimentation, tous les événements de la vie des porcs y sont répertoriés. »

Bernard Vedere

“ Zéro papier : je ne reviendrai jamais en arrière ”

Bernard VÉDÈRE

Qu’est-ce que cela change dans la gestion du troupeau ?

« C’est un gain de temps. Lors des relevés du numéro des animaux avant l’abattoir, comme ils vivent essentiellement à l’extérieur tout au long de l’année, les boucles sont très sales. On passait du temps à les nettoyer pour pouvoir les lire. Avec le bâton de lecture, on gagne au moins une minute par animal. En plus, la lecture est plus sereine. Le stress est limité pour l’éleveur et les animaux. L’autre point positif, c’est la planification. Tous les évènements de l’élevage, notamment la date des naissances, les truies à saillir ou celles qui sont en maternité. J’anticipe mieux le renouvellement des effectifs en fonction des âges enregistrés. »

Vos porcs sont élevés en plein air, avec des parcours mêlant des herbages et des bois. Les boucles résistent-elles bien ?

« Depuis le déploiement de cette technologie, j’ai bouclé plus de 600 animaux. Moins de 5 boucles électroniques ont été perdues. »

Des regrets ?

« Non, pour moi, c’est une réelle avancée dans la saisie, le retour d’informations par animal. Ce serait juste impensable de revenir en arrière. Cet outil moderne se marie parfaitement à une production traditionnelle de qualité. Aucun éleveur de la race n’a envie de revenir en arrière. »

« Dès que l’éleveur saisit une information, elle nous est transmise dans la seconde qui suit. »

Nicolas DUBOE est chef de projet au Consortium du Noir de Bigorre.

« Le porc Noir de Bigorre est une filière de 60 éleveurs qui produit 10 000 porcs charcutiers AOP par an. Les boucles électroniques ont été mises en place au départ pour faire gagner du temps à l’ensemble des acteurs de la filière. Dès que l’éleveur saisit une information sur l’animal, elle nous est communiquée dans la seconde. La traçabilité de l’animal est facilitée et nous pouvons proposer au consommateur la carte d’identité du jambon Noir de Bigorre AOP via un QR code posé sur le produit. Toutes les informations sanitaires, alimentaires et géographiques de l’animal y sont recensées.

L’application mobile fait aussi des échanges avec Ligeral, le livre généalogique des races locales françaises qui rassemble l’ensemble des reproducteurs de race gasconne. Les données remontent automatiquement. Au moment de la reproduction, l’éleveur accède simplement au taux de consanguinité des animaux présents sur l’exploitation. Ce dernier point est important car nous sommes encore en conservation de race. »

Nicolas-Duboe